La communauté Amish
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Fin mai, à l'occasion du week-end de Memorial Day, nous sommes allés faire un petit tour au sud-est de la Pennsylvanie, aux environs de Lancaster, là où est implantée une bonne partie de la communauté Amish d'Amérique du Nord.
Si on remonte aux origines, la communauté Amish prend naissance en Europe au 16e siècle (du côté de la Suisse et de l'Alsace) , époque où diverses mouvances religieuses vont se créer en marge du catholicisme. Parmi elles, on trouve les Anabaptistes (comprenant notamment les Amish) qui ont pour particularité de rejeter la pratique traditionnelle du baptême des enfants dès leur plus jeune âge. Ils considèrent, en effet, qu'une personne doit être suffisamment adulte pour comprendre la signification de son engagement.
Ajouté à cela, les Anabaptistes rejetaient l'implication du gouvernement au sein de l'église, ils refusaient également de prêter serment et le service militaire.
Bref, on voyait chez eux le mauvais œil et les mauvaises influences, du coup, ils ont été persécutés, ils ont dû fuir l'Europe et sont venus s'installer en Amérique du Nord pour pratiquer leur culte en toute liberté.
La communauté Amish est estimée aujourd'hui à environ 300 000 personnes réparties dans 28 états des Etats-Unis et du Canada. Chaque foyer ayant entre 6 à 10 enfants, leur population croît à vitesse grand V. Du coup, les prévisions démographiques annoncent une population d'Amish de plus de 2 millions de personnes en 2100 (c'est fou non ?).
Autour de Corning, il y a quelques villages d'Amish et d'ailleurs, l'un des premiers américains que j'ai rencontré était un Amish, une personne qui se faisait transporter, matin et soir, par notre propriétaire pour venir faire quelques réparations dans la maison. J'aurais aimé lui poser poser plein de questions, mais avec mon anglais encore approximatif, je n'ai pas osé.
Quelques jours plus tard, c'était à notre Walmart local que je rencontrais toute une famille d'Amish, j'ai un peu halluciné. C'était un peu comme si les personnages de la petite maison dans la prairie débarquaient dans le monde du hamburger et du Coca Cola à gogo. Super weird !
Vous me direz : comment recconais-tu les Amish ?
Rien de plus facile, il suffit de regarder leur accoutrement : chapeau de paille, bretelles, grande barbe, robe d'arrière-grand-mère (mais des baskets quand-même !), tablier et cape dans les cheveux.
Photos honteusement pompées sur internet
La vie d'un Amish est à la fois très simple à comprendre et très compliquée à s'imaginer. Tout repose sur un simple principe : « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure ».
Du coup, une famille Amish essaie de vivre en se coupant autant que possible du reste du monde et de ses facilités. Par exemple, il n'y a ni électricité, ni radio, ni télévision dans leur foyer. Les Amish peuvent utiliser le téléphone mais ne le tolèrent pas dans leur maison.
Leur principal moyen de transport est le cheval et la carriole. Il leur est interdit de conduire ou de posséder une voiture mais ils sont autorisés à y monter en tant que passagers (ils peuvent être très pragmatiques quand il faut...)
Au niveau langage, là aussi ils veulent se démarquer des "English" (manière dont ils nomment leurs compatriotes américains). Ils ne parlent pas l'américain à la maison mais un dialecte allemand qui serait proche du suisse allemand et de l'alsacien.
La communauté sectaire Amish suit donc des règles très précises qui sont autant de remparts face aux mondanités environnantes, les protégeant de toutes déviances dans leur quête de la vie éternelle. Tout un programme !
Ce qui est paradoxal chez les Amish, c'est qu'ils rejettent la société moderne mais en même temps, ils en sont très dépendants.
En effet, on les trouve sur les marchés pour vendre leur produits de la ferme, leur pain et leurs gâteaux. On les trouve sur les toits des maisons pour quelques réparations. Ils tiennent également des magasins pour vendre des meubles de pure menuiserie ou des patchworks très colorés fabriqués de leurs petites mains.
Dans la région des Finger Lakes, on croise quelques buggies (carrioles) et leurs chevaux, quelques chapeaux de paille ici et là mais si vous voulez vraiment vous immerger dans leur univers c'est définitivement vers Lancaster qu'il faut aller (ou alors plus à l'Ouest, dans l'Indiana ou l'Ohio).
C'est un vraiment dépaysement que d'entrer dans leur univers, on fait un bond dans le passé que nos grands-parents auraient aussi trouvé un peu poussiéreux.
On ralentit au passage des carrioles.
On aperçoit les chevaux de traie qui travaillent dans les champs.
Notre route se trouve bloquée par un fermier déchargeant son foin
On s'amuse des étalages de linge qui sèchent au vent (car on en voit quasiment jamais aux US).
On circule sur les petites routes de l'arrière pays, les fermes Amish bien proprettes se succèdent. On s'arrête pour prendre quelques photos, les locaux nous accueillent la main levée et le sourire aux lèvres.
Ce fut un chouette week-end au coeur de la campagne "traditionnelle" américaine.
La communauté Amish est considérée comme une secte, aux valeurs austères et pacifistes mais à observer leur mode de vie, on se dit qu'ils n'ont peut être pas complètement tort face à ce monde de la consommation où tout va trop vite, où l'on achète et l'on jette la minute d'après. Je ne suis pas encore prête à mettre ma coiffe dans les cheveux, mais ça donne à réfléchir.